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En élisant des politiques "repris de justice", les électeurs ont-ils "légalisé" le détournement de fonds et les abus de biens sociaux ?


Édito
Lundi 4 Mars 2013

Combien de politiques aujourd'hui en exercice ont été condamnés pour détournement de fonds, abus de biens sociaux, corruption, favoritisme ou achat de voix lors d'une élection locale ? Aucun ne sera cité dans cet article. Question d'équité. Pour n'oublier personne. Toutefois, un constat s'impose : les électeurs soutiennent peu l'action de la justice…


"La justice devrait regarder à deux fois avant de condamner un politique. Regarder le nombre de politiques sanctionnés par la justice qui a été élu lors de ces Cantonales". C'était en mars 2011.  La réflexion est pertinente. Troublante. Inquiétante. Car, les électeurs encouragent la malhonnêteté, les malversations, le gaspillage et le pillage de l'argent public.

Et, ces mêmes électeurs reprochent souvent à la justice de ne pas faire son travail, lorsqu'il s'agit des politiques. "Quand un individu vole une boîte de sardines, il va en prison, quand un élu détourne des millions, il a une amende, de la prison avec sursis et de l'inéligibilité. C'est tout". Cette remarque, également a été entendue sur le plateau télé de Réunion première, judicieuse et opportune. Et, elle est vraie.

Elle est toutefois incomplète. Si la justice paraît injuste, c'est qu'elle n'est pas non plus aidée et soutenue par les citoyens-électeurs. Combien de politiques "repris de justice" ont été réélus ces dernières années, et parfois avec des scores dignes des "démocraties populaires" ou des dictateurs de tous bords ? Cette attitude décridibilise aussi la justice. Et sa décision de condamner ces politiques pour des faits avérés. C'est un véritable pied de nez qu'une grande partie de la population fait aux tribunaux civil et pénal.

Par son vote, la majorité des électeurs d'un territoire administratif bien défini, rend un autre "verdict", celui des urnes. Celle-ci "déjuge" souvent les magistrats, et place les politiques "repris de justice" dans une posture de "victime de la justice". Ce qui est un comble. Et à votre avis, quel "jugement" va préférer, et mettre en avant le condamné ? Que valent alors les condamnations prononcées par le ou les juges ?

L'électoral, partiel ou entier, a une grande responsabilité. Son verdict, celui des urnes, a encore plus d'impact que celui d'un tribunal. Son jugement, même s'il n'est pas irrévocable, est plus efficace pour déclencher le processus de moralisation de la vie politique...

Jismy Ramoudou


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